LA PETITE EMIGREE
Cette histoire a voyagé de générations en générations dans ma famille. J'ai voulu en faire un poème. J'aurais été musicienne, j'aurais composé une chanson du genre traditionnel que l'on danse dans l'Ouest. Enfin, j'espère que mon poème voyagera lui aussi de générations en générations dans ma famille.
La belle partit de Vendée
Pour rejoindre la liberté
Orpheline elle dut s’en aller
Fuir cette guerre de Vendée.
Citoyens rebroussez chemin !
Viennent au loin les républicains
Partez, jeunes, femmes et anciens
Sinon vous mourrez demain !
La belle fut abandonnée
Dans la terreur des opprimés
Affamée, épuisée, effrayée
Ainsi arriva-t-elle au Ribay.
Oh mon Dieu que vais-je faire
Dans cet endroit de misère !
Dieu répondit à ses prières
Lorsqu’elle ouvrit ses paupières.
La belle, chez moi je vous cacherez
Nulle mort Françoise vous connaîtrez
Famille au cœur plein de bonté
Toujours, votre obligée, je serai !
Mais un jour la belle fut dénoncée
Par Lucifer, maire de Lassay
Arrêtée, enfermée, condamnée
Rêve de liberté terminé.
Ma belle vous sortirez d’ici
Dans votre ventre mon enfant grandit
Je ne peux leur mentir mon ami
L’enfer ne saurait que m’accueillir.
Le regard de la belle apeuré
Devant la guillotine apprêtée
Adieu rêve de liberté
Bretagne j'n te verrai jamais !
Celui qui recueilla la petite émigrée fut un ancêtre du côté de ma mère. La jeune femme fût guillotinée à Lassay-les-châteaux en Mayenne.