LES LARMES DE LA MER
Ton coeur est souvent consolant et moins houleux
Quand je viens y mirer mes douleurs et mes peines
Tu n'as jamais été en ce pareil émoi furieux
Une écume noire te voile sous le silence des sirènes
Comme si tes vagues en heurtant le rivage
Reprennent l'écho de mon silencieux serment
Pour que ton deuil ne m'attriste plus davantage
Je jure de cacher mes épaves sous tes monts
Bien que je ne sache monter que le désert
Ne suis-pas enfant du sable et de l'aventure ?
Laisse-moi alors m'embarquer sur ton dos ô mer !
Sans frémir mon esquif va écouter tes murmures
J'irai te raconter toutes les injustices
Je vais enlever à la vie son secret et ses fards
O intime mer ! Enterre-les dans tes abysses !
Tue l'horrible scylla, brandit tes nénuphars
J'attendrai toujours le retour du vieux marin
L'avènement de la bouteille au fond du mirage
Le bateau perdu crachant tous les grands chagrins
Des cadavres englués comme des coquillages
Seule la marée de mes yeux te trouble encore
Je crains que les douleurs t'infligent ô Poséidon !
Tu rugis en écoutant mon langoureux cor
J'aime ton hermétisme, je crains ton ouragan
Notre attachement est si infini qu'à chaque fois
En se réveillant de cette profonde extase
Je m'en trouve parlant avec moi-même avec soi
Une tentation captive mon verbe et ma phrase
Moulay Youssef SOUSSOU
Extrait du livre "le souffle du monde", vol 7